Il y a 6 jours, Alex et moi avons demandé à la réceptionniste de notre hostel a Moscou de nous traduire a phrase suivante : Nous voulons 2 billets de train pour Irkuskt demain soir en 2e classe.
On a réussi à trouver la gare assez facilement et quand on arrive au kiosque pour acheter les billets, la femme nous dit que ca coutera autour de 200$ chacun. Nous lui demandons pour la 3e classe et elle nousdit 80$ chacun. Moi et Alex on se regarde et on se dit Est-ce qu’on le fait Russian style?…
On le fait Russian Style…en 3e classe.
Nous avons plus de 5100KM à parcourir en train, soit 5 fuseaux horaires et 4 nuits/3 jours complets. Le départ de Moscou se fait autour de 23h, il pleut à boire debout…encore. (Nous avons vu environ 15 mins de soleil au total à Moscou, c’est ridicule comment il ne fait jamais beau là-bas).
Nous avons environ 45 mins à tuer à l’extérieur. On en profite pour se trouver un coin au sec et pour manger une bouchee avant de partir.
Arrive notre heure de départ, nous pouvons entrer dans le train…quelle surprise nous attend.
Voici de quoi a l’air un wagon de la 3e classe : 30 lits dans la même pièce (le wagon), dont plusieurs superposés, dont les nôtres. Il y a un espace d’environ 1 pied entre mon lit et l’espace où je peux ranger mon sac. Claustrophobes s ‘abstenir.
Moi et Alex montons dans nos lits respectifs en regardant tout le monde s’installer. Il y a beaucoup plus de monde qui dormiront ici que ce que j’aurais pu imaginer. Un fou rire s’empare de nous…on ne peut pas croire qu’on sera pris ici durant 3 jours et 4 nuits…incroyable.
Les 2 premiers jours passent plutôt rapidement. Étant donné que je suis sorti quelques soirs avant mon départ, je suis retombé à l’heure de montral. Alors je passe mes 2 premières nuits en compagnie de mon lecteur MP3..jusqu’à l’aube où je finis enfin par dormir un peu.
Dans le wagon, il y a 4 lits d’un côté, le passage et 2 lits superposés de l’autre. Je suis du côté des 4 lits. Les lits mesurent environ 5 pieds et demi et comme je dépasse le 6 pieds, mes pieds sortent dans le corridor. Il m’est arrivé 6-7 fois de me réveiller au contact d’un visage sur mes pieds…plutôt incomfortable comme situation.
Un fois réveillé, je mange un peu de ramens (Pas les vrais bien sur, mais les Choix du président, gracieuseté Marché Richelieu, downtown Montréal) , ils servent de l’eau bouillante dans tous les wagons. Ensuite, moi et Alex on se dirige vers le wagon restaurant en espérant pouvoir passer la journée là-bas.
On passe la journée là et on rencontre un couple de hollandais un peu plus vieux que nous avec qui nous nous entendons très bien. Je leur compte comment c’est du côté de la 3e classe et ils sont tellement heureux d’avoir choisis la 2e…
Alors on passe notre journée dans le wagon restaurant en compagnie de nos 2 nouveaux amis et on commande un coke ou une bière une fois de temps en temps afin de pouvoir rester sans se faire mettre à la porte du resto. Arrive 23h, le resto ferme, c’est l’heure de retourner à nos cellules.
J’essaye de m’endormir tant bien que mal, mas c’est impossible. Alex et moi buvons un peu de Vodka afin de rendre la chose plus facile. Nos 2 premières nuits se passent bien outre le manque de sommeil. Au courrant de la 2e nuit, le système de ventilation est décédé…c’est là que le cauchemar a commencé.
L’humidité monte, les odeurs circulent et c’est dégueulasse. Il y a des wagons qui ont atteint le 29°C, c’est vraiment insoutenable, c’en est ridicule. Il nous reste encore 2 autres nuits à passer dans cet enfer. On ne rit plus.
Pour notre dernière journée, nous décidons de retourner au wagon restaurant, là où l’air est plus frais et où il y a moins de personnes au pied carré. Nous revoyons notre couple de Hollandais avec qui nous jouons au Trou d’cul pour un bon 8 heures sans arrêt.
J’ai dû au courant de la journée aller chercher quelques uns de mes trucs dans le trou où nous dormons et le cœur m’a tout simplement levé, c’etait dégueulasse. L’odeur est insoutenable …ça pogne au nez, ça sent le suri, la transpiration, les chiottes…une belle mixture insupportable, vraiment insupportable. Sans compter l’humidité qui ne fait que s’accumuler dans le wagon. Des plans pour qu’on sorte d’ici avec le scorbut.
Je retourne voir mes amis Hollandais pour leur raconter la bonne nouvelle. Ils nous offrent alors, à Alex et moi de se joindre à eux dans leur compartiment privé où il y a 4 lits. 2 occupants auraient quittés plus tôt dans la journée et se dit why not. Tout ce que je me dis, c’est que je ne retourne pas dans ma cellule puante pour dormir, c’est certain. Jaimerais autant dormir dans le fumoir entre les wagons.
La journée avance et 5 Russes d’environ notre âge arrivent, ils nous voient Alex et moi et décident de venir nous parler. Alex se pousse et je reste prix avec l’un d’eux. Le gars sent mauvais ça n’a pas de bon sens. Je veux qu’il sorte de ma bulle. On se parle quelques minutes, je trouve un prétexte et je vais rejoindre les autres. Il reviendra plusieurs heures plus tard très saoul et encore plus puant. Il n’en faudrait que 5 comme lui pour empester un wagon au complet. J’apprends par la suite que rare sont ceux qui ont une hygiène minimale à l’extérieur des grandes villes.
Mon hygiene a moi? A bord du train, jai suivi les conseil du lonely planet. A&C they say. Arm pits & crotch. Mais moi jy allais avec la version de luxe: je me brossais les dents aussi.
Vient notre dernière nuit tant anticipée. Nous retournons avec le couple de Hollandais vers leur compartiment. Nous jasons encore une bonne heure et décidons de se coucher. Un lit frais, l’air climatisé, des draps vraiment propres et un lit presque assez grand pour moi. Ca ne prend pas 10 secondes quon est deja dans les bras de Morphee.
Moins d’une heure plus tard, le train s’arrête…la porte s’ouvre et une garde ouvre la porte de la chambre. Un nouveau venu vient d’embarquer, je suis dans son lit….merde, c’était trop beau. La garde se met a crier en Russe en nous voyant moi et Alex. Jai limpression detre un immigrant illegal.
En moins de 30 secondes, Alex et moi sortons de la chambre. On dit au revoir au Hollandais que nous reverrons probablement à Irkuskt et probablement plus loin encore (ils ont un trajet similaire au mien).
Je me dis que je vais rester éveillé, pour les 8 prochaines heures, entre 2 wagons où les gens fument. Mais merde, il fait trop froid…un peu moins de 0°C je crois. Alors on se redirige vers notre cellule. Nous avons 4-5 wagons de 3e classe à traverser avant d’arriver au nôtre. L’odeur est insoutenable, j’ai même du m’arrêter quelques minutes entre deux wagons car mon estomac m’a averti que j’allais vomir si je continuais.
On repart, on arrive à notre wagon, l’odeur est un peu moins pire que dans les récédents. Je m’étends dans mon lit et pour la première fois de ma vie j’ai une attaque de panique. Je dois sortir!
Il y a beaucoup trop de monde au même endroit qui respirent le même air souillée, et ça m’écœure tellement. Je me sens comme au temps des explorateurs où les gens restaient dans la cale du navire durant des mois et ressortaient avec plein de maladies. Pendant quelques secondes je me demande ce que je fais ici, pourquoi…en plus, ça ne fait qu’à peine une semaine que je suis parti de chez moi. Je vois la suite dans ma tête, la Mongolie, la Chine, le Vietnam, etc. Je souris et ça va mieux.
Je veux seulement sortir de ce foutu train. J’ai tellement hâte de prendre une douche, de me changer, de me raser, de sentir autre chose que l’odeur des autres. Je vais me rappeler cet odeur toute ma vie, that’s for sure.
C’est alors que je sors mon laptop et j’écris cet article. Il me reste encore 6 heures à attendre avant d’arriver à Irkuskt. Je regarde Alex, il n’en peut plus non plus. Jai dormi moins de 5 heures en 4 nuits…bordel